Les sols céréaliers sont confrontés à une baisse importante de leur fertilité.
L’association arbres-cultures présente de nombreux atouts pour y remédier : enrichissement du
sol en matière organique, augmentation de la réserve utile en eau du sol, microclimat favorable
aux plantes, refuge pour les auxiliaires de culture… L’arbre offre par ailleurs une production
complémentaire à moyen et long terme : bois raméal fragmenté, bois-énergie, bois d’oeuvre…
Les arbres sont plantés en lignes largement espacées (> 25 mètres) de manière à permettre le passage des outils agricoles. Des tournières sont également prévues en bout de lignes pour faciliter les manoeuvres.
Sur les lignes, les espaces inoccupés entre les jeunes plants peuvent être valorisés pour produire du bois issus d’essences à croissance rapide (peupliers), des cultures maraîchères (pommes de terre, artichauts…), etc.
Il convient de prévoir des espacements interlignes pouvant s’adapter à différents systèmes de production (prairie fauchée, prairie pâturée, autres). Une protection contre les cervidés est obligatoire. Les protections de type gaines rigides spécifiques agroforesterie sont bien adaptées. Il convient également de privilégier un paillis 100% biodégradable (paille, BRF…), de préférence issu de l’exploitation ou des alentours.
Les arbres agroforestiers, à l’instar des haies, contribuent à enrichir les sols en matière organique grâce à la décomposition des feuilles mortes tombées sur le sol et des racines annuelles mortes digérées par la micro et macrofaune souterraine.
L’arbre, quand il est associé aux couverts végétaux, permet de stabiliser et de structurer les sols. Il offre une protection mécanique contre l’érosion liée au vent et au ruissellement, et permet une meilleure gestion de l’eau en favorisant son infiltration et son stockage dans des sols plus poreux.
L’arbre est un atout pour le viticulteur : il ne contredit pas les objectifs de production et rend de nombreux services écologiques en attirant les auxiliaires de la vigne, en contribuant à la restauration de la fertilité et du bon état sanitaire des sols (par le biais des mycorhizes notamment), et en atténuant les excès climatiques préjudiciables à la qualité des grains. Il donne aussi une image positive et respectueuse de l’environnement au domaine, bien perçue par les riverains et les consommateurs.
Quelques règles à respecter :
Les parcelles agroforestières sont éligibles dans leur totalité aux aides agricoles du 1er pilier de la PAC dans la limite de 100 arbres/ha (aides découplées et paiement vert-SIE) et sont compatibles avec les exigences de la conditionnalité (BCAE).
En viticulture, les îlots de vigne compris entre deux lignes d’arbres doivent avoir une emprise minimum de 10 ares.
Arbres et haies ne doivent pas être taillés entre le 1er avril et le 31 juillet (période de nidification des oiseaux), sous peine de pénalités
Un nombre croissant de consommateurs soucieux du bien-être des animaux et de la qualité des aliments, recherche des produits issus d’élevages intégrant ce critère. Certains labels incluent l’arbre dans leur cahier des charges (Bio, Label Rouge…) : les animaux doivent avoir accès à des parcs en plein air disposant de protections suffisantes contre le soleil, le vent, la pluie et les températures extrêmes.
L’arbre offre naturellement cette protection climatique et peut apporter bien plus (fourrage, bois énergie, paysage, etc.).
Attention à bien gérer la pression animale pour limiter le risque de piétinement et de tassement du sol qui peuvent causer des dommages pour les arbres et la prairie (surtout en conditions humides). Il faut également veiller à adapter la densité animale dans l’espace et dans le temps, et prévoir des rotations entre les parcours arborés.
Attention au risque d’écorçage, de frottement et d’arrachage de branche!
Une protection climatique contre le gibier de 1,50 m minimum pour les ovins et 1,80 m pour les bovins est indispensable. Pour les bovins, il est important d’avoir une protection très résistante au frottement et suffisamment haute (ou large) pour protéger le bourgeon apical. Une clôture électrique peut aussi s’envisager sur les lignes d’arbres : dans ce cas, la protection gibier individuelle n’est pas indispensable mais il faut prévoir des protections anti-rongeurs.
Certaines espèces d’arbres peuvent être utilisées comme fourrage (feuilles et fruits). Lors des saisons sèches, ils peuvent devenir un précieux complément pour pallier le manque d’herbe.
Stocké pour l’hiver, le feuillage sec de frêne, de mûrier ou d’orme est souvent l’égal de la luzerne ou du sainfoin. Au pied des arbres, on constate également une herbe plus verte et présente plus longtemps.
Les fruits (glands, noisettes, châtaignes, faines, etc) peuvent également régaler les animaux et auraient (pour certains d’entre eux) des effets anti-parasitaires.
Les volailles et les palmipèdes en Label Rouge et en Agriculture Biologique doivent avoir accès à un parcours extérieur herbeux ou arboré. Par ailleurs, les cahiers des charges Label Rouge pour les
poulets à chair et poules pondeuses exigent la présence d’un minimum d’arbres sur les parcours.
Plus généralement, on observe que la dynamique actuelle va dans le sens d’une intégration de l’arbre dans tous les types d’élevage en plein air.
Sur parcours de volailles, il est recommandé de mettre en place autour des arbres des protections grillagées solides, adaptées en hauteur et largeur au type d’animaux (poulets, pintades, canards, oies…), de façon à limiter le piétinement et les dégâts au niveau racinaire. Les haies de bordure et les peignes doivent de préférence être protégés sur toute leur longueur et mis en défens.
Pour garantir un bon Développement des arbres, les espèces doivent être adaptées aux sols et aux conditions climatiques du lieu de plantation. Pour la plupart, il s’agit d’essences champêtres naturellement présentes sur le site de la plantation, de pleine lumière.
Les essences d’arbres et d’arbustes sont ensuite choisies en fonction des objectifs définis par l’agriculteur, pour la production de bois d’oeuvre, de biomasse (bois-énergie), de fourrage ou de fruits : Frêne commun, Alisier torminal, Chêne sessile, Cormier, Noyer commun, Poirier franc, Erable champêtre, Merisier, etc.
Pour les haies de parcours de volailles, il est judicieux de choisir quelques arbres et arbustes dont les fruits sont particulièrement appréciés des animaux (Prunier domestique, Prunellier, Sureau, Figuier, Viorne obier…).
La filière porcine se caractérise par une présence encore élevée de petits élevages. Elle ne représente que 2,5 % de la production nationale mais ses éleveurs ont misé sur la qualité et le bien-être animal (élevage en plein air) : Porc Fermier du Sud-Ouest, Porc Gascon, Barons des Cévennes… La charte de Porc Noir de Bigorre impose par exemple la présence de haies, d’arbres ou de sous-bois (chênes et châtaigniers en général) et un maximum de 20 porcs/ha de parcours herbeux.
Le pâturage des porcs en sous-bois (sylvopastoralisme) ou sur prairie arborée est une pratique traditionnelle d’élevage extensif encore très présente en région Midi-Pyrénées. Il s’agit du système d’élevage agroforestier le plus simple et le moins coûteux à mettre en place. Un bon équilibre entre prairie et bois est toutefois primordial pour tirer le meilleur parti de ces espaces et ne pas les dégrader.
En l’absence de sous-bois, les aménagements consistent le plus souvent à planter des lignes d’arbres entre des parcs d’élevage clôturés. La mise en défens des arbres est dans ce cas indispensable pour assurer leur bonne croissance. Il convient aussi de mettre en place des parcours tournants pour limiter la dévastation du milieu causée par les porcs (trous, désenherbement) et les inciter à ne pas rester aux mêmes endroits.
Les espaces inoccupés entre les jeunes plants d’arbres peuvent être mis à profit pour la production de bois issu d’arbres à croissance rapide (peupliers, saules…), de légumes (pommes de terre, artichauts…), de petits fruits (groseille, framboise, figue, nèfle, coing…), de plantes aromatiques et condimentaires, etc.
Jack De Lozzo, agriculteur à Noilhan dans le Gers, teste ainsi à titre expérimental sur sa parcelle en agroforesterie plantée il y a 8 ans, une production intercalaire de peupliers. L’objectif est de tester le comportement des peupliers sur sols séchants, mais également d’augmenter la production de biomasse sur les lignes d’arbres (bois, branches, feuilles, racines). La gestion de la densité des peupliers sera optimisée en fonction des conditions locales et de la croissance des arbres.
Les systèmes agroforestiers en maraîchage se caractérisent par une optimisation à l’extrême de l’espace disponible (souvent limité).
Cela donne lieu à des écosystèmes écologiquement très intensifs, reposant sur la biodiversité et les interactions entre les éléments qui le composent, grâce à une utilisation maximale de l’espace horizontal et vertical et à une superposition des espaces de culture. L’agroforesterie en maraîchage est un moyen simple et efficace pour produire des légumes et des fruits sur une même surface.
L’agroforesterie en maraîchage peut prendre diverses configurations : lignes intercalaires d’arbres ou haies de bordure, souvent fruitières. La taille des fruitiers est importante pour stimuler la production de fruits mais également pour limiter la concurrence pour la lumière. Les déchets issus des tailles constituent un apport non négligeable de matière organique pour le sol : ils peuvent être réinjectés sous forme de BRF ou laissés tels quels sur le sol.
Souvent associée au maraîchage, la permaculture désigne une approche globale dans la conception de systèmes agricoles biologiques et durables, reliés à leur environnement et inspirés du fonctionnement de la nature. Elle vise à concevoir des «écosystèmes humains» résilients, harmonieux et durables, économes en travail comme en énergie. L’arbre est un élément fondamental de la permaculture.
Du saule au châtaignier en passant par l’érable, l’acacia, le tilleul, les fruitiers sauvages et domestiques, sans oublier le lierre, les fleurs des arbres, arbustes et lianes offrent, au fil des saisons, leur nectar et leur pollen aux pollinisateurs. D’autres, comme le chêne et certains conifères, offrent également du miellat dont les abeilles sont très friandes. Les bourgeons du peuplier, du saule, du bouleau et du hêtre sont les principaux fournisseurs de propolis pour la ruche.
Les haies champêtres diversifiées, composées de prunelliers, aubépines, cornouillers, cognassiers, sureaux, églantiers, ronces… ainsi que les cultures et cultures intermédiaires complètent la production de nectar et de pollen de la fin de l’hiver au début de l’automne. Sans compter la protection climatique (vent, insolation, chaleur…) et le rôle de balise qu’elles assurent pour les abeilles et autres insectes pollinisateurs.
Les arbres constituent des habitats accueillants pour une grande diversité de faune et de flore.
Ils contribuent au maintien de zones non perturbées par les activités agricoles, favorables au développement d’une flore spontanée.
Ils apportent le « gîte et le couvert » à une faune diversifiée (vers de terre, insectes, oiseaux, mammifères, etc…) qui y trouvent nourriture et refuge contre les prédateurs, et permettent la conservation des espèces rares.
Il contribuent également au développement de nombreux microorganismes, bactéries et champignons, garants du bon fonctionnement des écosystèmes.
Les interactions entre espèces peuvent être complexes, elles évoluent et varient en fonction d’un grand nombre de paramètres : sol, climat, types de production et pratiques agricoles.
Les programmes de recherche doivent permettre de mieux comprendre de quelles manières les arbres influencent les différentes espèces évoluant sur les parcelles agricoles et d’en évaluer les bénéfices.
Les arbres peuvent attirer et abriter des auxiliaires, organismes qui impactent positivement les cultures tels que :